« Hey ! »

C’était la nuit, il pleuvait, ou bien il avait plu, les pavés détrempés et les flaques avaient imprégné d’humidité ses chaussettes et le bas de son pyjama. Dans la lueur blafarde des réverbères, quelqu’un le suivait, ou bien étaient-ils plusieurs ? Il les connaissait, mais était-ce sa famille ? Il ne fallait pas leur faire confiance, c’était l’idée qui s’était insinuée dans son esprit. Il fallait qu’il coure, mais il n’y parvenait pas. Au fond, il sentait bien qu’il avait besoin d’eux, qu’il avait besoin d’aide. Cours, lui disait sa tête, mais son corps n’obéissait pas. Il ne pleuvait pas, c’était des larmes sur ses joues. Alors on lui avait attrapé le bras.

« Ça va aller, reviens. On rentre… »

Son cœur battait fort tandis qu’il montait sur le podium. On entendait le brouhaha de la foule et les applaudissements. Les projecteurs étaient braqués sur lui, l’éblouissant tellement qu’il ne discernait même pas les visages des deux garçons à ses côtés. Quelqu’un parlait dans un micro, mais sa voix résonnait et se noyait dans l’agitation ambiante. Une femme vêtue d’une longue robe brillante offrit des médailles aux deux garçons, puis ce fut son tour. Il reçut également un bouquet de fleurs dont l’odeur s’imprégna en lui tandis que le serrait contre sa poitrine.

« Encore toutes mes félicitations… » fit une voix féminine.

Son arc, même sans souvenirs, il sent que c’était presque comme une extension de son propre corps.

L’obscurité et le silence. Dans ces moments, il n’y a plus rien entre lui et lui-même, ses angoisses remontent, ses idées se distordent et même ses sens le piègent.

Ce n’est pas vraiment qu’il soit content ou pas content. Vous savez, la vie, c’est avant tout des rencontres, des gens qui lui ont tendu la main à des moments où il ne pouvait pas. Et c’est amusant de se dire que les hasards, les rencontres, forgent une destinée. Car, quand on n’a plus de passée, on ne peut se tourner que vers l’avenir, et il est alors crucial de pouvoir trouver l’interlocuteur en face, le miroir qui vous aide à avancer. Tout ce que Archer constate, au final, c’est qu’il est encore en vie, et il dit merci à la vie, il chante la vie, il danse la vie, car la vie est riche de possibilités. C’est la vie qui le pousse aujourd’hui à tenter de savoir dans quoi il est tombé, mais demain, qui sait, peut-être à se mettre au service de la communauté, à faire le don de soi.