Bon, réfléchissons posément. Réfléchis... Qu'est-ce que tu fais ici ?
Ha... Je me souviens surtout de cette douleur lancinante dans ma tête. Ça fait mal. Ça me lance. Et... ça me rappelle cette autre douleur. Je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie. Je crois... Et, je crois que je marchais. J'allais où déjà ?
...
Rah... Ça ne sert à rien, je ne me souviens pas.
Je vois des silhouettes que je ne connais pas, je n'arrive pas à voir leurs visages. Ils sont... Familier, des amis ? De la famille ?
Je me vois partir, un peu inquiet, je repense à ma tante. Ma tante ? Je ne m'en souviens même plus. C'est... N'importe quoi. Je dois me rappeler, rappelles-toi. Tu marchais vite et...
Mon sac !
Attends, je ne l'ai plus. Envolé. Mon sac en bandoulière, je me rappelle de sa forme, je le tenais fermement en marchant inquiet, comme si j'appréhendais quelque chose.
Et soudainement plus rien. Le noir. J'avais simplement très mal. Non... Je ne veux pas me souvenir de cette douleur.
Arrêtons-là pour aujourd'hui. Ha... C'est si flou. Qu'est-ce qu'il m'est arrivé d'assez grave pour me retrouver là... C'est décidément flou.

Lorsque je ferme les yeux, ce rêve reparaît. Lointain,
je vois de l'eau, ou plutôt j'entends de l'eau. Un lac ou bien la mer ?
Je ne saurais pas dire. Tout ce que je sais, c'est que j'en apprécie le son même si je suis perdu. Je ne sais pas si c'est un rêve heureux ou particulièrement douloureux mais, je vois une silhouette floue. Une silhouette qui me dit quelque chose que je n'arrive pas à entendre, je ne sais pas ce qu'il me dit mais je recule d'un pas, comme si j'étais terrifié.
Je suis comme paralysé, comme si le monde allait s'effondrer. J'ai les jambes qui tremblent. Quelque chose ne va pas.
Mais cette personne m'empêche de tomber et sépare la distance en m'attrapant dans ses bras, tentant de me calmer. C'est assez étrange vu de loin, l'ombre a l'air plus petite et colle son visage indiscernable contre mon torse. Pourtant, tout se bouscule dans ma tête, mon esprit s'embrouille, tout s'effondre autour de moi. Pourquoi ? Une question que je pose à l'apparition en même temps que je me la pose en revoyant ce rêve.
Une interrogation que j'ai à peine le temps de demander ceci dit avant que le sol ne se dérobe sous mes pieds tremblants. À terre, je sens le sol frais, mouillé tandis que la silhouette me surplombe en semblant offrir un doux sourire.

Ce qui m'est le plus cher... J'essaie de m'en souvenir parfois tout comme je suis perdu avec ça. Cette chanson que je fredonne, celle dont je ne me souviens que de quelques bribes, c'est comme si je ressentais une pression au cœur, elle me rappelle cette silhouette floue, cette personne importante dans ce décor frais.
Et... il y a aussi ma tante, même si j'ai la nette sensation qu'il y a autre chose, autre chose dont je ne me souviens pas et qui me tiraille.
Ces trois choses sont tout ce qu'il me reste, alors, je les chéris autant que possible. Je ne veux pas les oublier. Je ne serais plus qu'une coquille vide sans ce peu de nostalgie qui m'habite en essayant de penser à tout ça. Je ne dois pas oublier. Il faut que je sache.

Au fond de moi, je suis terrifié à l'idée de tout perdre, de tout oublier, ce pourquoi je me convaincs d'essayer de me remémorer, de savoir, et pourtant...
Je suis encore plus terrifié à l'idée de découvrir la vérité bien que je me le cache. Serais-je toujours moi-même ce jour-là ? Est-ce que je réussirai à garder mon calme, à ne pas me perdre encore plus profondément ?
C'est avec cette crainte contradictoire que j'essaie d'avancer, de continuer à chercher même si ça fait mal. J'ai mal à la tête lorsque j'y réfléchis trop. C'est... décidément compliqué.

Qu'est-ce que... Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût.
Rah...
Écoutez, hum, écoutes, je ne sais pas. Je ne sais pas trop où je vais avec tout ce qu'il se passe. Plus je réfléchis, plus c'est flou et je me prends une migraine en prime et vos médicaments n'y change rien. J'ai parfois l'impression que ça empire. Comment faire confiance à qui que ce soit dans cette situation ? Comment vous croire lorsque vous ne dites rien ? Pourquoi est-ce que vous refusez de me laisser partir ou de tout m'expliquer ?
Tant que je n'aurais pas de réponse, je ne peux pas vous croire.