Il est envahissant, Prince. Il prend de la place, parle beaucoup, fort, il remue pour illustrer ses propos. Il comble les vides, bouge, trop, tout le temps. Il n'a pas l'air de se fatiguer, jamais. De l'énergie, il en a pour deux, pour quatre même si on l'écoute ! De la patience, un peu moins. Il ne prend pas le temps pour réfléchir, peut être parce qu'il ne l'a pas, peut être parce qu'il ne veut pas l'avoir. Réfléchir, c'est s'arrêter, douter, hésiter. Très peu pour lui.
Il est lourd, parfois pesant. Il réalise que ça agace, mais il réalise pas, pas comme il faut, pas comme il devrait. Il insiste, tout le temps. Laissez le approcher, c'est tout ce qu'il demande. Buté, têtu, il ne renonce pas. Au moins est-il volontaire.
Il fait de son mieux. Son mieux n'est pas le mieux, mais c'est le seul qu'il ait. Il aime aider. Prince est serviable, plus compatissant qu'il n'y paraît. La peine des autres le touche autant que la sienne. Il veut réconforter, il aime ça. Que les autres se sentent bien grâce lui, le fait se sentir bien grâce à eux. C'est rassurant, de savoir qu'il n'est pas seul. Et Seigneur, qu'il a besoin de ne pas être seul.

Il est collant le bougre, heureusement qu'il a le sourire facile et la conversation sympathique, ça le rend supportable. Il a besoin de se rapprocher des autres, de les saisir, les tenir contre lui. Toucher les gens c'est s'assurer de leur présence, de leur existence, de leur chaleur. C'est rassurant, les autres l'ancrent, lui rappelle qu'ils existent, lui rappellent qu'il existe.
Souvent, il veut plus, demande plus. On lui dit non, ça le rend triste, parfois. Généralement il ne comprend pas, ne veut pas comprendre. Il prend ça pour un jeu, un trape-trape bon enfant : Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis. Sauf qu'il est déjà attrapé. Rattrapez le, regardez le. Il se jetterai dans le vide, convaincu que quelqu'un le réceptionnerait à l'arrivée. Il le ferait pour les autres.

Il ne fait pas de différence Prince. Il aime tout le monde de prime abord, c'est difficile de ne pas se faire apprécier de lui. Il s'impose, de trop. Un sourire en coin, un clin d'oeil, une caresse sur le dos de la main. Il n'est pas subtil, n'essaie pas de l'être. Il est direct Prince, ça lui attire des ennuis et pas uniquement en amour. Ca ne le dérange pas, ça vaut le coup pense-t-il.

La honte, la gêne, l'embarras ? Il connaît pas. On le réprimande, le rappelle à l'ordre, ça ne marche pas. Il ne remarque pas la gravité de la situation, refuse de la regarder en face. Il est spontané Prince, vit au jour le jour. Le futur est trop lointain pour qu'il s'en préoccupe. C'est irritant, il a l'air de vivre dans le déni. Ce n'est peut être pas faux, lui le prend bien.
Les choses ne semblent pas l'atteindre. Ca glisse sur lui comme sur le plumage d'un canard, on dirait même qu'il oublie ce qu'on lui dit quand ça ne lui plaît pas. Ironique quand on est réellement amnésique.

Il a le rire pur, clair, plus drôle que ses blagues. Il ne s'en rend pas compte, il se trouve drôle et les autres rient avec lui, c'est tout ce qui importe. Tout le monde s'inquiète trop pour qu'il en rajoute. Il préfère la légèreté et finalement, est ce que ça ne fait pas un peu de bien ?